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    Le Petit Chaperon rouge / 

    Charles Perrault 

     

    (dans l'édition du recueil de contes parue au                       Livre de poche)

     Avec notre invité Yves Le Pestipon, professeur de lettres au Lycée Pierre-de-Fermat et écrivain.

    M. Le Pestipon a  commenté plusieurs variantes du "Petit Chaperon rouge", et nous nous sommes interrogés avec lui sur la signification de ces contes qui ne sont pas réservés aux enfants. A cette occasion diverses éditions illustrées du conte de Perrault étaient exposées.

    "Nous voudrions donner à sentir l'enchantement et l'effroi que procure Perrault lorsqu'on s'attarde à vraiment le lire, donc à tirer la chevillette dans l'espérance de la bobinette" (Yves Le Pestipon)

    Cette après-midi était ouverte à tous ceux qu'intéresse cette relecture érudite et inventive.

     

     


  •  juin 2017

     

    ... en 2017

    Rencontre avec le poète Francis Ricard

    Arthur Rimbaud poste restante Marseille, fruit d'un long cheminement personnel à travers la vie et l’œuvre du poète. Pour préparer notre échange, Francis nous avait suggéré de lire Le Bateau Ivre, et les Lettres du Voyant.

     

     

    Le bateau ivre
    Arthur Rimbaud

    Comme je descendais des Fleuves impassibles,
    Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
    Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
    Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

    J’étais insoucieux de tous les équipages,
    Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
    Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
    Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.

    Dans les clapotements furieux des marées,
    Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants,
    Je courus ! Et les Péninsules démarrées
    N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

    La tempête a béni mes éveils maritimes.
    Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots
    Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes,
    Dix nuits, sans regretter l’oeil niais des falots !

    Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sûres,
    L’eau verte pénétra ma coque de sapin
    Et des taches de vins bleus et des vomissures
    Me lava, dispersant gouvernail et grappin.

    Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
    De la Mer, infusé d’astres, et lactescent,
    Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
    Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;

    Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
    Et rhythmes lents sous les rutilements du jour,
    Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres,
    Fermentent les rousseurs amères de l’amour !

    Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
    Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
    L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes,
    Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir !

    J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques,
    Illuminant de longs figements violets,
    Pareils à des acteurs de drames très antiques
    Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !

    J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
    Baisers montant aux yeux des mers avec lenteurs,
    La circulation des sèves inouïes,
    Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !

    J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
    Hystériques, la houle à l’assaut des récifs,
    Sans songer que les pieds lumineux des Maries
    Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !

    J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides
    Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
    D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
    Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux !

    J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses
    Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
    Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces,
    Et les lointains vers les gouffres cataractant !

    Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises !
    Échouages hideux au fond des golfes bruns
    Où les serpents géants dévorés des punaises
    Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !

    J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
    Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants.
    – Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
    Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants.

    Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
    La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
    Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes
    Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux…

    Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
    Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
    Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles
    Des noyés descendaient dormir, à reculons !

    Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
    Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau,
    Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
    N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ;

    Libre, fumant, monté de brumes violettes,
    Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
    Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
    Des lichens de soleil et des morves d’azur ;

    Qui courais, taché de lunules électriques,
    Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
    Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
    Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;

    Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
    Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
    Fileur éternel des immobilités bleues,
    Je regrette l’Europe aux anciens parapets !

    J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
    Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
    – Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles,
    Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ?

    Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
    Toute lune est atroce et tout soleil amer :
    L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes.
    Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer !

    Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache
    Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
    Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
    Un bateau frêle comme un papillon de mai.

    Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
    Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
    Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes,
    Ni nager sous les yeux horribles des pontons.

    Arthur Rimbaud, Poésies

     

     


  • mercredi 20 juin 2018, 14h-16h

    salle de la médiathèque, Venerque,

    séance exceptionnelle

    avec la participation de Michel Moner qui présentera l'oeuvre de Cervantès : Don Quichotte

    L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche

    L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche / Miguel de Cervantès, trad. de l'espagnol par Claude AllaigreJean Canavaggio et Michel Moner.

    Édition publiée sous la direction de Jean Canavaggio 

    (Collection Folio classique (nos 5157-5158), Gallimard, 2010)
    - Présentation de l'éditeur -

     


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    La double vie d'Anna Song / 

    Minh Tran Huy

    Editions J'ai lu

    Pianiste prodige et recluse, Anna Song voit sa renommée redoubler après sa mort grâce à des enregistrements inédits que Paul, son mari, livre au public. Encensée par les critiques du monde entier, la musicienne est vouée aux gémonies lorsque des doutes surgissent : elle n'est peut-être pas le véritable auteur de ces interprétations. Seul Paul détient la clef de l'affaire : imposture désespérée, escroquerie géniale ou déclaration d'un homme à son unique amour ?

    Inspiré d'une histoire vraie, un roman sur la quête des origines, l'engrenage médiatique et la passion absolue.

    - Présentation de l'éditeur -

     

     Nous accueillerons pour cette rencontre l'auteure du roman : Minh Tran Huy

    Cette rencontre coïncidera avec l'exposition sur le Vietnam présentée à la Médiathèque au mois de mars.

     


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    actualité, décembre 2021

    LYDIE SALVAYRE, UN PRIX GONCOURT AUX RENCONTRES LECTURE DE VENERQUE
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    " C’est très amicalement que Lydie Salvayre, éphémère Venerquoise, et surtout prix Goncourt 2014 avec son roman Pas pleurer, est venue mardi à la salle de l’Oustalet rencontrer les habitués des Rencontres lecture auxquels s’étaient joints quelques lecteurs et lectrices auterivains et miremontais.
    L’écrivaine a présenté avec conviction son dernier ouvrage Rêver debout, un plaidoyer passionné pour Don Quichotte, héros universel, libre et généreux, qui, depuis 1605, endosse toutes les utopies humaines, sociales, politiques, philosophiques.
    La chaleureuse simplicité et la disponibilité de Lydie ont permis un échange convivial et les questions l’ont amenée à préciser son point de vue sur la langue espagnole, qui mêle bien plus que la langue française, corsetée par l’Académie Française, langage recherché et expression populaire, voire triviale. C’est cette liberté de langage que l’on retrouve dans son écriture romanesque.
    Sur la folie aussi : Sa carrière de psychiatre a nourri son œuvre littéraire de personnages complexes en qui voisinent démence et lucidité, comme en chacun de nous, dit-elle, réside une part de folie. De même son travail d’écrivaine était un enrichissement, un élargissement pour son activité de psychiatre.
    Et le regard qu’elle porte sur le couple que forment Don Quichotte et Sancho Pança, couple égalitaire où chacun grandit au contact de l’autre, met en évidence la dualité féconde qui unit en chaque individu la déraisonnable utopie de Quichotte et le bon sens pragmatique de Sancho.
    En défendant son héros, qu’elle trouve trop souvent ridiculisé ou martyrisé par son auteur, Lydie Salvayre veut promouvoir tous les combats d’aujourd’hui pour l’utopie, la liberté et l’égalité. Derrière son regard pétillant et son sourire lumineux, on sent l’ardeur de l’écrivaine et sa révolte devant les laideurs du monde.

    L’entretien s’est poursuivi avec les propos éclairants de l’éditeur Bernard Walter, compagnon complice de Lydie, sur l’évolution actuelle des métiers de l’édition, à travers le rôle des agents littéraires, les contraintes économiques et l’inflation des publications. « Si les gens lisaient plus ils écriraient moins »nous dit-il !

    Enfin Lydie nous a confié l’objet de son travail actuel…assez pamphlétaire nous a-t-il semblé, inspiré par les souterraines manœuvres médiatiques des milieux littéraires.

    C’était un beau voyage au pays de Don Quichotte et de Lydie Salvayre, pays où l’on peut rêver, mais debout. "

    Hélène Breton
     

    mardi 14 décembre 2021, 14h-16h
    Maison de l'Oustalet (Venerque)

     

    Lydie Salvayre

     

    Séance thématique : échanges avec Lydie Salvayre autour de plusieurs romans à l'occasion de la sortie de son dernier ouvrage sur Don Quichotte.